Forum

Fil d’Ariane du forum – Vous êtes ici :ForumAtelier: Séminaires et plusle statut du "tiers" dans la TDM
Vous devez vous identifier pour créer des messages et des sujets.

le statut du "tiers" dans la TDM

Lors de notre dernière séance de travail, nous avions travaillé sur  la séance 3 intitulée "La dette et la perte" du séminaire "Discours et Droit" 1982-1983 de Jean Gagnepain. Nous nous étions interrogés sur ce que la notion de "tiers" représente dans la TDM.

J'avais compris que le "tiers" correspond au "créancier" que nous recherchons politiquement pour attester de notre capacité à assumer notre dette, c'est à dire notre responsabilité à l'égard d'autrui; ce créancier que l'on peut remettre en question s'il n'atteste pas suffisament de nos capacités! C'est vrai, je l'avoue, je pensais à mes cheffes.

Après cette séance et les échanges qu'elle a sucités, je me suis replongée dans cette question du "tiers" , notamment à travers le shéma intitulé "les parametres de l'existence ou parties de la convention" que je n'avais pas vraiment compris.

Voilà la lecture que je propose: le je et le tu sont tous deux situés sur la phase instantielle de la personne, et correspondent à l'ego "pure négativité" selon Jean Gagnepain; tandis que le tiers, le il est une projection politique de cette dette réciproque fondatrice de l' ego.

Le tiers appartient donc à la phase performantielle uniquement, ce que je n'avais préalablement pas bien cerné puisque je concevais aussi le tiers comme un créancier possiblement impersonnel, implicite, irréel, fantasmatique comme par exemple "Dieu" ou "l'intéret général".

Notre groupe de travail c'était interrogé sur le "tiers" en tant qu' "ennemi", celui contre lequel il est possible de s'unir. Aussi, je me demande si ce n'est pas face au "tiers", que le "nous" peut prendre forme. Le "nous" pourrait être le "réinvestissement de l'ego dans la communauté", que Jean Gagnepain apelle la "mutualié" (si j'ai bien compris?). Le "nous" appartient donc uniquement, lui aussi à la phase performantielle.

Voilà quelques "bouteilles à la mer"...

 

 

Bonjour,

En fait, je/tu et il se situent dans le réinvestissement de l'analyse (donc dans le "politique" au sens de la TdM), il n'y a pas d'ambiguïté dans Du Vouloir Dire. Ce sont bien des paramètres de la performance.

Ci-contre un pdf extrait de mon livre L'Usage, Le Contrat et Le Service (2011).

Fichiers téléversés :

Bonjour,

Oui, le tiers peut être le créancier. C'est l'une des formes qu'il prend. Mais il a, me semble-t-il, un statut plus général. Comme pour la psychanalyse, il est celui qui ouvre à une relation véritablement humaine, autrement dit à la médiation du point de vue du social ou du plan 3.

On peut aussi parler de tiers logique, formulation qui fait également appel, du point de vue du plan 1, à la médiation. Là le tiers a un sens plus général encore.

Du coup, au plan 3,  le tiers participe de l'émergence à la Personne et de son fonctionnement ; il est en quelque sorte à son fondement, et ne se saisit donc qu'en lien avec l'instance. Mais on le retrouve dans la performance où il se concrétise en des figures diverses.

À mon sens, le terme ne fait pas partie de l'appareil conceptuel de la médiation en tant que tel. J. Gagnepain le reprend à son compte et l'utilise somme toute assez peu, semble-t-il. Du coup, il a une portée différente selon les emplois qu'il en fait (ou qu'on peut en faire à sa suite). Mais le plus généralement, il connote la médiation et, du point de vue du plan 3, le dépassement d'une relation duelle, immédiate.

Un passage de Gagnepain, saisissant la notion au plan 3 (passage qui mériterait d'être développé, comme souvent) : "

"Et puisque je ne suis moi que pour toi et que nous ne sommes, ensemble, qu’au détriment du tiers exclu, on comprend qu’à nos yeux le social ne se réduise point au collectif ni le peuple à la population et que l’endogamie ne soit en vérité qu’une exogamie transférée." (DVD, p. 42)

Ici, il l'évoque parmi les paramètres du social, effectivement (id. p. 166-167) :

"C’est oublier qu’en toute circonstance, les quatre paramètres indiscutablement sont présents : moi et toi, nous et vous, bien sûr, dont la complicité — inversée, d’ailleurs, dans la cure — entretient philosophiquement l’illusion d’une connaissance subjective en regard de l’objectivité des choses ; mais aussi ce tiers qu’a toujours imposé la grammaire comme substrat du prédicat et qu’a retrouvé l’analyse, ce « sujet-supposé-savoir » dont conjointement nous invoquons, sous couvert de « n’est-ce-pas » ou bien de « vous savez », l’arbitrage ou le témoignage ; l’irresponsable, enfin, ou plus exactement l’impersonnel, qu’on l’appelle ça, rumeur ou fatum, à qui ou quoi l’on ne s’adresse pas, mais qui plane sur tout entretien et justifie [167] chez le théologien, à défaut du linguiste, l’opposition du Verbe fait chair au Mektoub ! Tel est, en résumé, dans la moindre alternance de propos, ce qu’on pourrait à juste titre considérer comme l’ensemble des partenaires sociaux."